CARNET DE CHANTIER – Maison paille n°4
Enduits de corps intérieur et torchis
Le rendez-vous est fixé, fin octobre, la paille va rencontrer la terre. Naturellement perspirant, la terre associée à la paille va permettre à la maison une régulation de la vapeur d’eau naturelle. Pas besoin de pare vapeur, le parement extérieur est plus perméable à la vapeur d’eau que celui de l’intérieur pour ne pas que celle-ci soit enfermée.
Les propriétaires ont demandé main-forte à des amis du village pour appliquer les enduits de corps sur les murs en paille. Préalablement les murs ont été recouverts d’un gobetis d’argile pour favoriser la liaison entre l’enduit de corps et la paille. Le gobetis est un mélange d’argile et d’eau très liquide projeté sur le mur.
La terre de schiste qui compose le sol du terrain n’est pas assez argileuse pour atteindre les caractéristiques techniques nécessaires aux enduits. De l’argile pure micronisée a donc été importée sur site. Le mélange se fait à la bétonnière : de l’eau, du sable, de la paille broyée et bien sur l’argile.
L’application est simple ; une grosse poignée du mélange est tirée du bas vers le haut et "malaxé" sur le mur pour croiser les fibres de paille et permettre une bonne adhérence.
Sur ce chantier participatif, les générations se confondent, et la culture constructive se transmet. Il suffit de tendre l’oreille pour écouter les petits groupes qui se sont formés, tandis que les uns vantent les mérites de ce matériau et sa mise en œuvre, d’autres partagent leurs propres récits de chantiers, certains sont inspirés par cette journée pour réitérer l’expérience. Dans une ambiance joviale, la paille apparente se fait de plus en plus discrète pour laisser place à une toute autre ambiance dans la maison.
Une autre équipe s’est attelée aux remplissages des colombages en torchis. Le mélange est le même que pour les murs à la différence que les tiges de paille sont laissées entières pour une meilleure portance. La chorégraphie nécessaire à dresser le torchis sur les supports bois arrive naturellement. Deux personnes de part et d’autre du mur effectuent des mouvements symétriques pour monter un torchis régulièr. Le séchage des différents enduits est lent, ce qui permet des retouches aisées pour se rapprocher d’un mur plan.